Presse écrite FRA FLOTTES AUTOMOBILES
Journaliste : Gwenolé Guiomard
Edition : Novembre 2024 P.34
Famille du média : Médias professionnels
Périodicité : Mensuelle
Audience : 74000
Sujet du média : Auto-Moto-Cyclo

Flottes automobiles : L’autopartage électrique progresse doucement mais sûrement

Par Gwenolé Guiomard – Novembre 2024, p.34

Un frémissement dans les flottes d’entreprise

Les spécialistes de l’autopartage en entreprise sont unanimes : le marché bouge, même si le rythme reste mesuré.

« Une administration vient de lancer un appel d’offres pour l’ensemble de sa flotte de 540 véhicules. Il y a cinq ans, elle aurait demandé seulement une vingtaine de véhicules », illustre Olivier Rossinelli, directeur général d’Agi lauto Partage, filiale du Crédit agricole spécialisée dans l’autopartage électrique.

Le baromètre des flottes et de la mobilité publié par l’Arval Mobility Observatory confirme cette tendance : en 2024, 25 % des entreprises interrogées déploient ou envisagent de déployer des solutions d’autopartage.

Dans la plupart des cas, ces solutions restent complémentaires à la flotte classique et sont avant tout motivées par la politique RSE de l’entreprise (54 % des répondants, soit 14 points de plus que la moyenne européenne), mais aussi par le renforcement de l’attractivité RH (36 %), l’amélioration de l’image employeur (28 %) et l’anticipation des évolutions réglementaires (26 %).

Deux modèles d’autopartage en entreprise

Aujourd’hui, deux formes principales d’autopartage coexistent dans les entreprises :

  • L’autopartage en pool : mise à disposition de véhicules (souvent électriques) accessibles à tous les collaborateurs.
  • L’autopartage en mutualisation : généralement dans le secteur public, le parc entier est mutualisé et les salariés ne disposent plus de véhicules attitrés.

« Ce développement est lent mais constant », résume Daniel Vassallucci, dirigeant du télématicien Optimum Automotive, qui équipe 200 000 véhicules. Selon lui, 15 % d’entre eux étaient en autopartage en octobre 2024, contre seulement 5 % en 2020.

L’autosolisme reste majoritaire lors des déplacements professionnels

Si le partage de véhicules progresse, les Français préfèrent encore largement circuler seuls pour leurs trajets professionnels.

Le ministère de la Transition écologique, dans son étude de juillet 2022 « Se déplacer en voiture : seul, à plusieurs ou en covoiturage ? », souligne que 88 % des déplacements professionnels locaux se font avec un conducteur unique, chiffre qui descend à 67 % sur les longues distances.

L’auto-solisme est particulièrement dominant en semaine, surtout aux heures de pointe du matin (74 %), tandis que les déplacements en voiture à plusieurs sont plus fréquents en dehors des heures de travail, notamment le week-end.

Les freins au développement de l’autopartage

Malgré les signes positifs, l’autopartage reste encore marginal en France.

« Le développement est encore faible, notamment à cause d’une méconnaissance des avantages par les départements RH, d’une certaine défiance des collaborateurs et des complications liées aux questions d’assurance », explique Moundyr Gainou, directeur France de Car Vertical, spécialiste des données véhicules.

Jehan de Thé, président de l’Association des acteurs de l’autopartage, pointe aussi un manque de soutien public : « On pourrait mieux développer les voies réservées aux véhicules partagés. Sur ce point, la France accuse un retard vis-à-vis du Canada ou de l’Allemagne. »

Il estime néanmoins que la technologie, notamment les boîtiers connectés, facilite désormais le partage des flottes en entreprise, ce qui devrait favoriser un développement plus rapide à l’avenir.

L’autopartage et l’électrification : un duo d’avenir

Partager sa flotte et l’électrifier est perçu comme la tendance de fond pour les entreprises, même si la conversion est encore lente.

Le défi reste d’abord d’en convaincre les entreprises en mettant en avant les gains économiques et écologiques, mais aussi de séduire les utilisateurs en élargissant les usages à des trajets personnels.

En résumé :
  • Le recours à l’autopartage en entreprise progresse, notamment dans sa version électrique.
  • Il reste encore minoritaire face à l’autosolisme dominant, surtout pour les déplacements professionnels.
  • Les freins sont autant culturels (habitudes des collaborateurs, méconnaissance) que réglementaires (assurance, infrastructures).
  • Les perspectives sont bonnes, soutenues par les technologies et les politiques RSE.

Gwenolé Guiomard
Presse écrite – Flottes Automobiles
Novembre 2024 – p.34

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